Wednesday, December 28, 2005

MIA KATIU, L'IMPERATRICE DU PAPIER

Née : 1 900, Chine
Morte : 1 945

« Avec sa mine de papier mâché et ses mains parcheminées, voici que s’avance l’impératrice des sceaux, de l'encre, des pinceaux et du papier », disait de Mia Katiu son célèbre galeriste de mari Liu Li Shu.

Née en Chine, dans la province du Yunnan, l’artiste collagiste Mia Katiu est souvent décrite comme la collagiste la plus excentrique du XXe siècle ! Coiffée en permanence d’un couvre-chef fait d'une pâte d'écorce de mûrier, comme en aurait porté un disciple de Confucius, d’une veste de carton et d’une jupe en patchwork de papiers d’Arménie qui laissait un doux parfum dans son sillage, elle avait l’étrange habitude pour chaque papier collé d’en manger un. Manière sans doute d’affirmer haut et fort, et de mettre en pratique !, sa devise : « L’art ne se partage pas, l’art se mange, l’art se porte ! " On évalue à un millier de genres les papiers qu’elle a utilisés – et avalés ! Cela lui valut d’ailleurs de mourir d’une occlusion intestinale à l’âge de 45 ans. Fou de désespoir, son mari Liu Li Shu n’a eu de cesse depuis de détruire toutes les œuvres de sa femme, allant jusqu’à racheter celles vendues lorsqu’elle était encore en vie. Vous ne trouverez donc pas ici d’images des collages de Mia Katiu, disparus à jamais, mais un de ses poèmes que son mari nous a aimablement autorisé à reproduire.



Papiers d'esprits

Papier vinyle glissant et froid comme un glaçon
Ou papier buvard sensible à la moindre larme
Papier coloré élevé au rang de papier rituel
Papier mouchoir me consolant avec le papier bible
Papier opaque, grenu, émeri, mâché...
Papiers-filtres de mon humeur


Papier marbré comme un gâteau
Papier mousseline léger sur mon palais
Si doux contrepoison au papier abrasif
Papier cannelé comme les gourmandises de Bordeaux
Papier velouté, sablé, rude ou râpeux...
Papiers recyclés dans mon estomac


Papier adhésif qui colle à mon âme
Papier d’emballage qui me protège des dangers
Papier vernis qui dissimule les blessures
Papier frictionné utile aux rhumes de poitrine
Papier lisse, luisant, satiné, feutré...
Papiers isolants du monde


Papier de soie ou de cristal
Papier pelure parfois, écru ou blanchi
Papier apprêtés et à tapisser mon corps
Papier transfert pour faire la belle
Papier tissé, texturé, crêpé, surfacé...
Papiers-toilette de mes habits

Wednesday, June 29, 2005

ISMAR GANRHI, LE COLLEUR DE LA PAIX


Né : 1939, Bangladesh
Mort : -


Sorti de l’école à 8 ans, Ismar Ganrhi a d’abord suivi les traces de son père en devenant charmeur de serpents dans les rues de Dakha. A la mort de ce dernier, il a pu reprendre des études d’archéozoologie à l’université de la capitale, puis, faute de trouver un emploi qui puisse faire vivre décemment sa famille, s’est engagé dans l’armée comme spécialiste de l’extraction de venins. En 1971, il a ainsi pu participé à l’indépendance de son pays, connu alors sous le nom de Pakistan oriental, au côté des forces de l’Inde. Mais lassé des coups d’états successifs et de la dictature, il s’est ensuite exilé avec sa famille en Inde, avant de revenir en 1991 lorsque le Bangladesh est devenu une démocratie parlementaire. Il habite aujourd’hui dans la forêt de mangroves des Sundarbans, l'une des plus grandes forêts mondiales de ce type (140 000 ha), qui couvre le delta du Gange, du Brahmapoutre et de la Meghna, dans la baie du Bengale. Le site est connu pour la richesse de sa faune qui comprend 260 espèces d'oiseaux.
Ismar Ganrhi a reçu le prix Nobel du pax-collage en 1995 pour l’ensemble de son œuvre.
« Mes collages sont des fables animalières, qui mettent en scène toutes sortes d’animaux indigènes - éléphants, tigres du Bengale, léopards, cerfs, pythons indiens et cobras principalement, mais aussi mangoustes, chacals, perruches, vautours et crocodiles marins -, confrontés à la guerre et à la dictature. »
[Ouverture du discours d’Ismar Ganrhi à la remise de son prix Nobel]


Les trois tigres (détails)

Friday, June 10, 2005

YVAIN VALTE, L'ART DE L'EMPREINTE

Né : fin
Mort : de rire





" Des collages d'Yvain Valte naissent les empreintes : celles des papiers dont on ornait la page de garde de nos beaux livres ; celles du fossile ou de la terre, celles de la main de la sorcière : signes cabalistiques. Ses collages numériques sont eux-mêmes souvent des empreintes de ses oeuvres papier, oeuvres-mères." Ainsi s'ouvre l'hommage rendu à Yvain Valte dans l'ouvrage collectif qui fait référence : Le collage au travers de l'Union des pays collagistes. De son côté, le grand psychanalyste Sigmund Fraubauer a pu mettre en lumière avec talent le lien entre les oeuvres d'Yvain Valte et son métier d'imprimeur - signes, empreintes écrits, gravés, imprimés sur le papier -, tandis que l'écrivain-sémiologue Umberto Eccoto a écrit dans Art et extra objets : "Yvain Valte perçoit chaque chose comme un objet inconnu jusqu'alors. Il y a des lignes de résistance qui imposent à Yvain Valte de représenter non pas des objets de notre monde mais des objets d'un monde possible." Empreintes, toujours...
Né dans un champs de jonquilles au Canada peu avant la révolution de mai 68, Yvain Valte a un frère jumeau, empreinte de lui-même, dont vous pouvez admirer les oeuvres sur le blog COLLAGENE TOUT NUMERIQUE : http://collagenenumerique.blogspot.com

Tuesday, June 07, 2005

CARLITA SAN PAO, LA COLLAGISTE DE LA NATURE

Née : 1805
Morte : 1905


Carlita San Pao, à 98 ans, et son regard toujours bleu-violet


Figurant parmi les rares figures féminine connue du collage, Carlita San Pao est issue d'une famille pauvre du sud du Brésil installée dans l'état du Parana, sur l'île d'Ilha do Mel. Cette île paradisiaque, parsemée de petits bassins d'eau claire, de grottes et de plages désertes ainsi que les chutes d'eaux Iguaçú à la frontière avec le Paraguay et l'Argentine ont influencé très fortement les collages de l'artiste. Les critiques d'art ont d'ailleurs souvent décrit les compositions de San Pao comme de spectaculaires mises en scène "collées" de la planète.

L'oeuvre la plus aboutie de Carlita est sans aucun doute le tableau-site grandiose qui se déploie sur toute la surface du parc national d'Iguaçú, soit 170 000 hectares partagés entre le Brésil et l'Argentine. Des milliards de bouts de papier, des tonnes de colle et des années de travail ont été nécessaires à sa réalisation. Carlita San Pao y aura consacré les deux tiers de sa vie. Elle est morte centenaire, laissant, hélas, 1 m2 non achevé.

Thursday, June 02, 2005



YVAN POTROF, LE COLLAGISTE DU CIEL

Né le : 02/12/1912
Mort : -

Né de père Tchèque et de mère allemande de l’Est, Yvan Potrof a appartenu dans les années 70 au noyau dirigeant du G.D.R.D.C.E (groupe d’action révolutionnaire des collagistes de l’Est). La division spécialisée dans l’art du collage de la Stazi pense même qu’il aurait été le fondateur du mouvement. Lors de son procès - expéditif - Yvan Potrof n’aurait avoué qu’être le simple fabriquant des collages artisanaux utilisés dans les attentats attribués au groupe…Il a été emprisonné plusieurs années après une tentative de collage géant sur la façade du Musée national de Prague.
Après avoir été un des maîtres du photomontage révolutionnaire dans les années 30, Yvan Potrof a, dans les années 80, inventé une nouvelle forme de collage : le star-collage ou collage d’étoiles. Il s’est ainsi fait connaître du grand public grâce à son œuvre La Constellation du cheval. On la trouve à l’Ouest de la Grande Ourse et au Nord-est du Lynx (voir la carte du ciel). Cette constellation d’étoiles pâles contient plusieurs objets Messier de magnitude 7 à 9, donc difficiles à observer sans jumelles. Il s'agit de M3, un amas ouvert. De M51, la fameuse galaxie du Galop. De M63, une galaxie spirale de magnitude 9 et de M94 une autre galaxie spirale de magnitude 9. Au centre, l’étoile variable Western dont la magnitude, la brillance apparente, varie de 2.1 à 3.4 tous les 2 873 jours.
Le critique d'art américain Michael Sunset a dit d'Yvan Potrof dans son livre Collage, l'invention des post-gardes : "Les collages d'Yvan Potrof ont radicalement transformé notre univers".
Yvan Potrof sera l'invité d'honneur du premier salon du collage intergalactique qui se déroulera cet été. Voir La lettre professionnelle de Collagène à ce propos : http://jublogtout.blogspot.com/

Vous pouvez admirer certaines des œuvres d’Yvan Potrof à l’œil nu par temps dégagé en été. Il est néanmoins recommandé d’utiliser des lunettes astronomiques.

->Coordonnées spatio-temporelles des tableaux célestes de Yvan Potrof - Cliquez sur le ciel pour zoomer.